mercredi 6 mai 2020

Covid19, dé-confinement, vraiment ?



Le Président de la République a fait le choix du 11 mai comme date de sortie du confinement, faisant du retour des enfants en classe un levier de la reprise générale de l’activité dans le pays et mettant en balance la lutte contre le virus et la reprise à tout prix de l'activité économique.

L’annonce de cette date de « reprise » (nous ne nous sommes jamais arrêtés) le 13 avril a été suivie de la diffusion d’un protocole sanitaire pour les établissements scolaires le 4 mai. Soit avec un délai de 3 semaines entre ces deux dates. Durant ce laps de temps, nombreux sont les collègues à s’être posés des questions ou à avoir fait des projections quant à cette « rentrée » peu ordinaire. Comment assurer le retour des élèves à 15 par classe dans des conditions sanitaires correctes ? Quelles doivent être ces mesures sanitaires ? Quelles conditions de travail pour les élèves, les personnels ? Comment ouvrir les services de restauration, les internats ? Doit-on les ouvrir ? Quels moyens pour assurer la ré-ouvertures ? Autant de questions sans réponse, autant de réflexions et d’incertitudes, autant de stress et d’anxiété.

Aujourd’hui, si le protocole sanitaire apporte des réponses, il n’assure pas la mise à disposition des moyens, ni ne détaille les procédures à mettre en place.

Dans les faits, sur les moyens, nombreux sont les établissements à avoir cherché par eux même les fournitures et équipements nécessaires à la ré-ouverture avant d’avoir pris connaissance du protocole (gel hydroalcoolique, barrières de protection, produits de nettoyage et désinfection, masques, gants…) Aujourd’hui, nous savons que la fourniture des masques aux personnels sera assurée par l’Éducation Nationale et par les collectivités locales (par l’EN aux élèves). Aujourd’hui nous savons que des collectivités locales ont travaillé pour aider les établissements, notamment par la mise à disposition d’équipement. Mais tous les établissements sont-ils bien dotés en équipements et produits nécessaires? Nous ne pouvons que l'espérer et souligner le travail des équipes de gestion.

Quant aux procédures à mettre en place pour satisfaire le protocole sanitaire, la capacité d’adaptation des établissements, des services et personnels est mise à rude épreuve. Comment gérer l’accueil des élèves ? Comment organiser les classes, la circulation dans l’établissement ? Peut-on ouvrir la cantine, l’internat ? Comment assurer le lavage des mains des élèves ? Comme organiser le nettoyage des locaux, et en premier lieu les sanitaires ? Où proposer du gel hydroalcoolique ? Le port du masque doit-il être rendu obligatoire aux élèves, à tout le monde ? Comment organiser le retour au bureau avec les collègues ? Comment assurer l’accueil du public ? Encore bien des questions se posent, et la plupart trouveront des solutions différentes en fonctions du contexte de chaque établissement ou service. Toutes devront nécessiter une attention particulière. Et surtout, pour les écoles, collèges et lycées, les « maillons faibles » de l’établissement devront être déterminés. En effet, par exemple, a quoi bon accueillir 15 élèves sur 15 classes, si la rotation aux sanitaires pour le lavage des mains n’autorise qu’un passage pour une centaine d’élèves ou si les agents d’entretien présents ne peuvent nettoyer que 10 classes ? La capacité d’accueil des établissements doit être liée au plus petit dénominateur commun.

Mais, que de temps perdu en trois semaines, que d’énergie dispersée ! Les établissements ont imaginé leur organisation et cherché des moyens de leur côté. Les collectivités territoriales ont fait de même, les services académiques aussi. Chacun s’est renvoyé la balle face aux questions gênantes, comme trop souvent, alors que la sécurité des élèves est la priorité de tous, alors que la sécurité des personnels doit être pensée en commun face à un problème commun. Et la coordination de l’État dans tout cela ? Elle n’existe tout simplement pas, laissant les politiques locaux faire leurs effets d’annonce et les services de l’Éducation Nationale sans voix devant les questions soulevées par la confusion au plus haut sommet de l’État.

Pour le Snasub-FSU, la solution était de travailler d’abord à l’évaluation des risques liés au Covid19 pour la population, puis à l’établissement d’un protocole sanitaire adéquat avant d’étudier nos capacités à l’appliquer et enfin de fixer une date de réouverture des établissements scolaires. Nous devons donc travailler à marche forcée ! La date est fixée, le protocole sanitaire est diffusé, maintenant à nous, personnels de tout statut et catégorie, de faire et d’agir, alors même que le risque lié à l’épidémie n’est pas évalué précisément. L’économie d’abord ? Pas d’accord ! La FSU et le Snasub-FSU demandent le report de la réouverture des établissements. Dans le cas où nous ne serions pas entendus, le Snasub-FSU tient à faire certaines recommandations à tous les personnels.

D’abord, nous appelons tous les membres de la communauté éducatives et des services à respecter scrupuleusement les gestes barrière. Le lavage des mains est essentiel, l’usage du gel hydroalcoolique n’étant qu’un complément. Le port du masque est un élément primordial dans la lutte contre l’épidémie. Rappelons que le port du masque n’est efficace que si tout le monde le porte. Il doit être porté le plus possible, exception faite des moments ou nous sommes sûrs de pouvoir respecter les mesures de distanciation (par exemple, si l’on est seul dans son bureau sans avoir une quelconque visite) Les personnels, quel que soit leur statut, doivent montrer l’exemple en faisant bonne usage des masques contrairement à certaines situations vécues actuellement (par exemple au supermarché) L’usage du port du masque doit être discuté en équipe afin que tout le monde en comprenne bien l’enjeu. Seule une hypothèse peut-être la base de ces discussions : si la probabilité de croiser une autre personne n’est pas nulle, alors il faut le porter.

Ensuite, les mesures prises pour assurer votre sécurité doivent satisfaire le protocole. Sur votre lieu de travail, aucune personne ne doit se trouver à moins d’un mètre. Si vous avez un petit bureau partagé, alors il faut organiser une rotation. Si vous êtes en accueil alors des protections « vitrées » doivent être mises en place avec la signalétique adéquate. Dans les cas où vous devez être à proximité d’une autre personne, alors le masque est obligatoire. Tout doit être mis en œuvre pour que chacun soit protégé, aucune tolérance ne doit être acceptée.

L’usage des équipements commun doit aussi être pensé (photocopieur, imprimante, classeurs, portes, fenêtres…) Soit ils doivent être désinfectés après usage, soit utilisés par le truchement d’un autre objet (stylo pour les boutons du photocopieur par exemple) ou avec des gants. Les lieux communs, et à fortiori les sanitaires doivent être nettoyés régulièrement et leur utilisation soumise à un protocole établi et connu de toutes et tous.

Vous trouverez ci-dessous le protocole sanitaire. Nous vous invitons à nous faire parvenir vos questions sur sa mise en place dans votre service ou établissement. Si vous constatez le non-respect des mesures, n'hésitez pas à le signaler sur le registre de santé et sécurité au travail accessible en ligne (voir cette page). Si vous pensez être en danger, faites en part à votre supérieur. Si vous ne trouvez pas un accord, saisissez-nous sur l'opportunité d'un signalement sur le registre des dangers graves et imminents de l’établissement, cela pourrait vous ouvrir le droit de retrait (il faut prouver le non-respect du protocole et le caractère imminent du danger). En résumé, respectons les mesures sanitaires et faisons les respecter !

Depuis plusieurs semaines, nous sommes nombreux à travailler pour assurer la continuité du service public. Aucun protocole n’était disponible. Les conditions de travail sont parfois scandaleuses avec le non entretien des locaux du fait de la non-disponibilité des personnels territoriaux. Aujourd’hui, faisons respecter les règles ! En outre rappelons que le télétravail reste la norme au moins jusqu’au mois de juin. Aucun travail en présentiel ne doit être imposé s’il n’est pas indispensable.

Nous vous souhaitons à toutes et tous un bon courage pour affronter la crise que nous traversons et vous assurons de notre soutien en cas de besoin.

Protocole relatif à la réouverture et au fonctionnement des collèges et des lycées.

Protocole relatif à la réouverture et au fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires.